« J’ai besoin d’aide. »

Partage d'une enseignante qui a mis en place un dispositif permettant aux élèves de demander de l'aide

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Elodie TOBO

Enseignante en CM1 à l’école Pergaud de NOEUX-LES-MINES

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Témoignage de l’enseignante qui explique pourquoi elle a mis en place ces outils d’aide dans sa classe , les effets recherchés et les difficultés rencontrées et qui donne quelques conseils aux enseignants qui aimeraient se lancer :

Quels sont les différents outils d’aide dans la classe ?

« J’ai plusieurs fonctionnements au sein de la classe :

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Un système de tutorat ponctuel (sur une notion, un tuteur explique et aide un ou plusieurs élèves). Lorsqu’un élève se sent en difficulté il remplit un petit post-it et vient l’accrocher sur le fil au fond de la classe. Sur des temps dédiés, un élève qui maîtrise la compétence viendra chercher un collier « je peux t’aider » et sera tuteur du groupe. A la suite de cette séance, les élèves décrochent leur post-it s’ils pensent ne plus en avoir besoin. Pour les autres, je retravaille la notion en groupe de besoin.

Tout au long de la journée, par un code gestuel (pouce en l’air) un élève peut exprimer qu’il est en difficulté, alors celui qui a terminé peut lui venir en aide si je ne suis pas disponible.

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Lors des dictées, les élèves ont une grille de relecture ( Code CHAMPION) et doivent se corriger. Après vérification auprès de moi, ils peuvent prendre un collier «  expert en orthographe » et passer dans la classe proposer leur aide aux camarades qui en ont besoin.

Un système de tutorat permanent , une sorte de « contrat » qui lie 2 élèves . Cette année j’ai 3 binômes qui travaillent ensemble lorsque l’AESH n’est pas dans la classe : aide à la lecture de consignes, aide matérielle… »

   

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Quel est le constat de départ ? Pourquoi avoir mis en place ces outils d’aide dans la classe ?

« Avec une classe très hétérogène, je dois faire face à des différences importantes dans le niveau de connaissances et de compétences des élèves. Je rencontre souvent des difficultés à proposer des exercices adaptés à tous les élèves et maintenir un niveau de motivation élevé pour tous. J’ai fait le choix de mettre en place ce système de tutorat pour favoriser la réussite, encourager l’entraide et la coopération, développer les compétences sociales et affectives et adapter mon enseignement aux besoins spécifiques de chaque élève. »

Quels sont les effets constatés ?

-Meilleure confiance en soi des élèves ( tuteur et « tutoré » ).

-Les élèves apprennent à travailler ensemble et à s’entraider et cela renforce les liens entre élèves et nous avons un meilleur climat de classe.

-Les élèves apprennent à écouter et à mieux communiquer, à prendre des initiatives et assumer des responsabilités.

-J’ai plus de temps pour les observer travailler et leur proposer des activités différenciées en fonction des besoins spécifiques de chacun.

Qu’est-ce qui a été facilitant ?

-Le choix des binômes ou des groupes de tutorat : chacun doit savoir pourquoi il est là , ce qu’on attend de lui…

-L’implication des élèves : je les sensibilise très vite à l’importance de l’entraide et de la coopération et je leur donne les outils nécessaires pour le faire.

-L’organisation : Il faut prévoir un temps et un espace dédié en aménageant la classe et en prévoyant des créneaux horaires spécifiques. Je fonctionne en ceintures de compétences dans plusieurs domaines et j’utilise ce temps d’autonomie pour le tutorat de groupe/groupe de besoin.

-La formation des tuteurs : en période 1, je forme les tuteurs en séances d’APC . Je leur explique leur rôle et leur donne les outils pour accompagner au mieux leurs pairs.On fait aussi le point régulièrement sur le fonctionnement et on réajuste si nécessaire.

Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

-Certains élèves n’étaient pas à l’aise avec l’idée de devenir tuteur, ou au contraire de demander de l’aide à leurs pairs. J’ai du beaucoup les rassurer et les sensibiliser ( les parents aussi ) aux bénéfices du tutorat.

-Parfois les groupes ne fonctionnent pas, ils sont déséquilibrés, ils s’amusent, rient et gênent les autres : il est important de poser un cadre strict.

-J’ai rencontré des difficultés dans la formation des tuteurs au début. Ils ont tendance à vouloir donner les réponses et imposer leur « manière de faire ».

C’est parfois difficile de garder leur motivation et leur engagement sur la durée c’est pour cela que nous en discutons souvent lors des conseils de classe.

-Évaluer si le tutorat est efficace ou pas. Je pense qu’il est indispensable d’évaluer régulièrement l’efficacité du tutorat mais c’est très difficile de mettre en place une évaluation pertinente et de suivre de manière régulière les binômes et les groupes de travail : je suis en pleine réflexion.

Quels conseils donnés aux collègues qui aimeraient se lancer  ?

  • Sensibiliser les élèves au tutorat : expliquer les bénéfices pour eux-mêmes et pour leurs pairs. Ne pas hésiter à présenter cette organisation aux parents. Utiliser des exemples concrets : l’année prochaine je souhaite faire témoigner des anciens élèves ayant participé à des projets de tutorat dans ma classe.
  • Former des tuteurs : il est essentiel de bien expliquer leur rôle et de leur donner les outils nécessaires. Cette année nous avons utilisé les jeux de rôles, de mise en situation comme pour les messages clairs.
  • Chaque élève a un moment de l’année aura des choses à partager avec les autres. Chacun a des connaissances , tout le monde pourra être tuteur ponctuel. D’ailleurs de récentes études ont montré que celui qui apprend le plus dans une situation de tutorat c’est celui qui explique. 

Pour s’éclairer

le tutorat entre élèves
Aide en classe, entraide et tutorat